d’Agate RPG
Aujourd’hui je vais vous parler du premier arrivage de la gamme “Dragons” d’Agate RPG : le livre de l’aventurier et un livret scénario “Fort Ardraco”.
Je vois déjà venir le petit troll level 1 bi-classé casse-miches s’exclamer d’une voix non doucereuse : “et pourquoi tu parles que de Dragons ? Et Héros & Dragons alors ? C’est du favoritisme !”. Alors on respire, et on lit la suite.
Au commencement
Lorsque Wizzard of the Coast a annoncé de rendre le SDR (règles de base) de D&D5 “libre” cela a eu l’effet d’un appel d’air. Beaucoup de rôlistes ne lisent pas l’anglais et attendaient donc avec impatience une vf du jeu pour pouvoir s’y mettre. Face à cette annonce, à l’intérêt des joueurs, et la possibilité de pouvoir éditer un “Donjon & Dragon” (le prestige, la nostalgie toussa quoi) il est donc normal que des éditeurs aient voulu tenter l’aventure. En a résulté le lancement du financement participatif pour Dragons d’Agate, puis celui de BBE pour H&D.
Je ne suis pas là pour polémiquer. Deux éditeurs ont voulu créer un projet en se basant sur D&D5, ils ont réussi et c’est cool (cela prouve qu’il y avait une vraie demande). Il y a eu des petits accrocs, et c’est normal : 2 projets, sur le même thème, lancés par 2 concurrents en même temps, fallait pas s’attendre à de la tendresse imminente. Mais fort heureusement, tout s’est calmé et la hache de guerre fut enterrée.
Bref, les deux financements participatifs se sont achevés avec un joli succès, à différentes échelles certes, mais succès quand même.
Puis WOTC annonce quelque temps après confier la traduction Vf officielle du jeu à BBE. De quoi faire bouder certains, et en satisfaire d’autres qui n’avaient pas envie d’investir dans un “D&D5 like”. Bref tout l’monde est content.
“Mais pourquoi t’a choisi Dragons alors ?”
Pour une histoire de coup de cœur.
Quitte à acheter un “D&D5 like”, comme disent les d’jeun’s, j’ai largement penché pour une atmosphère qui tranchait plus avec l’original. Et comme j’adore l’esthétisme et les illustrations du studio Agate, mon choix fut très orienté au départ. J’imaginais déjà les dragons et elfes “sauce Agate” dans ma tête (un peu comme ceux qui préfèrent la sauce blanche dans leur kebab), ça promettait de très belles choses (ou bonne si vous pensez encore au kebab). C’est purement personnel. J’te demande toi pourquoi tu préfères la couleur bleue au rouge ? Bon ! 😉
La gamme
La gamme de Dragons est une tétralogie, et pour l’instant on a reçu uniquement le livre de l’aventurier, avec un supplément : “Fort Adraco”, dont je parlerai après. Le fait de recevoir ces ouvrages avant le reste était un choix proposé, non imposé : si vous préfériez tout avoir d’un coup il suffisait de ne pas cocher l’option (j’ai entendu des personnes se plaindre qu’il leur fallait le reste m’voyez…).
Il y avait plusieurs options pour la couverture du livre, je ne sais plus trop ce que j’ai coché, mais je dois avouer que je suis très mitigée. Je la trouve trop lisse, un effet craquelé aurait été d’un bel effet, car la couleur grise ne met pas en valeur la texture du cuir (très agréable cela dit) et son joli logo. Finalement j’aurais dû prendre la version de base (au milieu sur la photo) avec la belle illustration couverture rigide classique.
Mais ! Maimaimais … la déception passe très rapidement quand on voit le contenu du bouquin. C’est BÔ !
Mon choix de départ, au sujet des illustrations et l’ambiance est complètement assouvi. Les dessins sont magnifiques: tous les illustrateurs du projet ont un trait qui colle parfaitement aux choix de fond de maquette. Des illustrations fouillées, pastels, aquarelles, ce petit effet “peinture” et crayonné, tout est mis en valeur par une maquette bien organisée sur fond de parchemin (très bonne qualité de papier en passant, des pages ont pris la pluie : ras ! ). J’ai voyagé en survolant les pages, juste sans rien lire (j’adore tourner les pages et sniffer l’odeur du neuf, ouai). Pour vous dire, c’est la première fois qu’un jdr med-fan me donne envie de faire un bouffeur de salade. J’ai fait “wouaaah” en voyant les Drakeides, et “ouaiiii” en voyant les nains. J’ai voyagé avec l’illustration du Lettré.
« Bref je suis comme un Mc flurry à emporter arrivé à destination : fondu ! Pour la forme c’est manify ma chériiiiie ! »
« Mais Quid du contenu ? »
J’y viens. Ce livre est destiné au Pj comme au Mj, il sert avant tout à créer un personnage. Voici le menu :
1. Entrée : Création de personnages
La force et richesse d’un bon med-fan c’est d’avoir des races qui claquent avec un passé et un visuel qui vous émoustillent les papilles. Nous avons donc un large choix de départ :
Drakéïdes, des humanoïdes draconiques au fort charisme et carrure. Dvaergens (ou nain), d’excellent artisan, petit mais disposant d’une très bonne constitution. Elfes, de diverses origines qui déterminent si vous êtes plutôt agile ou charismatique. Gnomes et Halfelins , si petits mais tellement intelligents et habiles. Les indécrottables Humains , des ‘touche à tout’. Les Melessës, des demi-elfes ‘fesses entre deux-chaises’. Les Merosis, demi-orcs à la fois sages et sauvages. Et enfin les Tieffelins, créatures hybrides démoniaques, maudits mais chanceux.
Puis vient le choix de la civilisation. En gros vous avez le choix entre plusieurs régions (ou grandes villes) dans laquelle a grandi votre personnage. En fonction de sa culture, de son climat et présence de races, vous n’aurez pas le même bagage de départ.
Une fois la race et le lieu de naissance du personnage choisi, vous devez créer un historique. En gros son histoire en 6 étapes (identité, maîtrises de compétence, maîtrises complémentaires, équipement, privilège, particularité, handicap). Là c’était un peu complexe pour moi (ça viendra avec l’expérience), et je m’en suis référé directement aux historiques prêts à l’emploi. Très pratiques car vous avez des petites tables ou vous pouvez tirer au sort ou choisir parmi les étapes citées ci-dessus mais en rapport avec le nom de l’historique pré-fait. En voici quelques un : Acolyte, Bohémien, Érudit, Explorateur des terres sauvages, Notable etc. Wooot ! Y’a du choix.
Puis vous devez finaliser votre personnage en choisissant son alignement.
S’ensuit une petite règle optionnelle “inspiration” qui récompense l’interprétation du Pj de son avatar. Ça fonctionne un peu comme Pendragon : le personnage évoque des souvenirs de son pays natal, pense à sa belle dulcinée dans des moments difficiles etc. L’inspiration permet d’avoir des effets kisscool sur des actions, comme se déplacer plus vite, un bonus à un js, relancer un jet de dés foireux. De quoi encourager le role play !
Et enfin pour conclure : le choix de la classe (Guerrier, Rôdeur, Roublard, Paladin, Prêtre, Sorcier, Magicien, Barde, Lettré, Druide, Barbare, Ensorceleur, Moine)
2. Plat : Vie d’aventurier
On aborde dans cette partie le commerce, son fonctionnement et les différents types d’échange (troc, système monétaire, pierre précieuse). Ce qui enchaîne en toute logique sur les trains de vies (leurs coûts, les activités rémunératrices), pour aboutir sur une petite partie parlant du travail, des services que l’on peut rendre, de l’emprunt et de comment revendre ses trésors. L’équipement est ensuite décrit, les armes d’abord puis armures, quasiment toutes illustrées, avec leurs stats et valeur commerciale.
Un mégagrosplus : l’illustration des armures, de presque toutes les armures citées dans ce chapitre. Pourquoi ? Parce qu’on s’est tous retrouvé, à un moment donné, à imaginer l’allure de notre personnage avec une armure sans savoir à quoi ça ressemblait (on a tous pensé au début que porter une armure en cuir clouté c’était un truc noir, classe avec des pics, avouez-le !). Et autre point : le Pj filou qui va expliquer au Mj à quoi ressemble l’armure qu’il porte pour tenter de le convaincre qu’il est impossible qu’il soit blessé à un endroit.
On dispose ensuite d’encarts sur les outils et les nécessaires de voyage, pour conclure sur les auberges et les moyens de transport. C’est assez complet pour se lancer dans l’aventure sans trop se prendre le chignon sur des règles trop complexes.
3. Dessert : Règles du jeu
Là on se frotte au SRD et tout ce que Agate a greffé autour pour créer son jeu. Et rappelons que Dragons est compatible avec Héros & Dragons, c’est pas beau la collaboration quand même ?
Cette section se divise en plusieurs parties :
- Caractéristiques : leurs définitions, les résolutions de test, les modificateurs, avantages/désavantage, ce qu’apporte les bonus de maitrise, a quoi servent les jets de sauvegarde etc. en détaillant bien sur les mécaniques en jeu (combat, hors combat).
- Aventures : ce chapitre précise l’influence de l’environnement sur les Pj (climat, temps de trajets, temps de repos, fatigue…)
- Les règles de combats, on y retrouve l’essentiel d’un bon D&D des familles (déroulement, les déplacements, les actions, comment attaquer, et faire mal surtout ! )
- Les règles sur la santé ! Car on ne joue pas des immortels, la mort n’est jamais bien loin. Alors on nous explique la base : guérison des points de vie, les blessures, les maladies (avec des petits exemples), et la mort
- Annexes, toujours utiles
Après lecture, je dois dire que les textes sont clairs en général. L’option des modules est sympa : ça donne un effet visuel et permet de faire des « encarts de règles optionnelles » dans un scénario (genre le mode hardcore voyez?). Ça ressemble à des pastilles très vite identifiables que l’on retrouve dans le livre et scénario pour indiquer, par exemple si “l’éveil” à la magie est requis pour utiliser un talent, ou un encadré qui propose au Mj comment corser une scène.
Et après ?
J’ai pu lire ça et là sur internet que « des gens » se plaignaient de ne pas pouvoir aller plus loin. Il manque, en effet, le livre du grimoire pour les classes usant de magie. Bon après, la version bêta est disponible sur internet en pdf gratis hein, donc bon, quid de la mauvaise foi. On a donc pu créer tous nos personnages pour les premières aventures. Et pas besoin d’un autre livre pour débuter : Fort Ardraco est un supplément contenant un scénario avec: carte et fiches de monstres pour pouvoir démarrer sans attendre le reste de la gamme.
« Mais au fait, il est bien ce scénario ? »
Difficile de ne pas spoiler en parlant de ce supplément. Parlons d’abord de sa forme : un livret au papier de bonne qualité et couverture souple. En couleurs aux tons du livre de base. Il est très bien organisé, respecte son sommaire et on trouve à la fin tous les monstres du scénario avec leurs stats. Les quelques illustrations présentes sont d’aussi bonne qualité que celle du livre, moins nombreuses certes mais on a l’essentiel : la carte, les pnj/monstres les plus importants, quelques objets énigmatiques.
Franchement pour son prix, ça vaut le coup, c’est très correct pour un matériel de bonne qualité et un scénario qui à mon avis peut durer plusieurs jours ou des très longues heures. On y parle même de possibilité de point de départ d’une campagne, et après lecture je confirme que c’est assez inspirant pour être le début d’une longue aventure.
Attention toutefois : niveau difficulté, il est clairement pensé pour les héros de niveau 4 voir 5. Je l’ai fais jouer a des niveau 1, et effectivement il faut beaucoup (mais genre beaucoup) remanier les dégâts et nombres d’ennemis sur certains combats. Certes c’est indiqué dès le 1er paragraphe que le Mj peut adapter la difficulté à ses joueurs, mais… je m’attendais pas à devoir autant le faire.
Sans spoiler le reste, et d’un avis purement personnel, j’aime bien l’aventure globale. Mais il y a des choses qui sont vraiment trop “kitch” et redondants: je sais que les joueurs ne tomberont pas dans la majorité des pièges (un peu trop présents à mon goût). Outre l’aspect un peu “tiré par les cheveux” de certains points, je pense remanier le scénario à ma sauce (kebab, vous y avez pensé je le sais) pour qu’il me convienne. Car c’est aussi un point positif : il est flexible.
L’histoire étant simple, elle donne cependant pas mal d’opportunités pour ouvrir des portes vers de prochaines aventures ou créer des événements/pnj pour impliquer les Pj dans cette quête. Quelques idées sont disséminées ici et là pour inspirer le Mj, et ça c’est cool. Je fais partie de ces Mj qui ont besoin d’une base pour créer une aventure complète, et ce scénario me va parfaitement.
« Conclusion ? »
Tout ça est beau, sens bon comme une pizza qui sort du four et qu’on a très envie de partager. Une bonne pâte, une bonne sauce tomate et câpres, mais il manque encore la mozza, les champignons et le basilic, alors vivement les autres livres ! 😉
_Saphie (11/06/18)