Aujourd’hui on vous sert 2 articles, reflexions de Gabriel (Membre de l’association) et de Roland, sur l’intérêt d’avoir des éléments visuels durant une partie de JDR. Installez-vous, bonne lecture 🙂
Les éléments visuels en jeu
Un mot de l’auteur de l’article : « Attention pavé. J’ai écrit ça parce que ça me semblait 1) assez particulier à ma pratique du jeu 2) pas trop discuté. Certes, on lit du « c’est bien d’avoir plein de matériel de jeu pour les débutants », mais généralement, quand on parle d’aides de jeux, on en parle par le prisme de l’aide mémoire (fiche de sorts) ou du combat tactique (les plateaux quadrillés qui sont quasi-obligatoires dans pas mal de jeux). Et le truc, c’est que ça me semble être quelque chose qui, en plus de ces deux usages, aident vraiment à l’implication dans la partie. Et ce en étant mis en place par les joueurs, pas la MJ. »_ Gabriel
Sur mon plateau y a des aides
Un peu de contexte : j’aime bien parler de moi, et comme j’écris pas très bien, du coup c’est ce que je pourrais produire de plus intéressant. Un peu de contexte donc, j’étais ado, le jeu de rôle, c’était pas vraiment le truc qui courait les rues et je découvrais les joies de l’internet. Bref, quand j’ai commencé à jouer, c’était en table virtuelle. Je veux dire, c’était facile, y avait pas à attendre de se faire inviter (comme pour les soirées) ou à galérer à organiser soi-même (comme pour les soirées²).
Suffisait de dire “moi” quand quelqu’un, sur un des sites que tu fréquentais, proposait “qui veut faire un peu de jeu de rôle”. Et en plus, tu sortais pas jusqu’à minuit, donc papa et maman étaient ok (bon pas plus que ça, tu parlais quand même devant le PC).
Bref quand j’ai commencé à jouer au jeu de rôle, c’était devant mon PC. Et devant ton PC, si tu veux pas décrocher, il te faut un truc sous les yeux. Une image, une vidéo, un schéma logique, n’importe quoi.
Moi par exemple, la première fois c’était une vue aérienne de la cité Pablo Picasso (92).
Alors quoi ? C’était du « Magnas Veritas », ok, mais après j’ai fait du donj’, du « Shadowrun » et même des trucs « narrativo-vegan » genre le dk² (oui, oui, à l’époque pour nous le dk² c’était narrativiste, cherche pas).
Mais à chaque fois j’avais un truc sous les yeux.
Jusqu’à une looooongue campagne de L5R, où on avait rien sous les yeux. Ta fiche, tes dés, tes notes de parties, le coca et les cahuettes aux wasabi. Mais rien qui soit commun à toute ta petite équipe. MJ compris, of course, mais on commence assez à vous bassiner pour vous dire que le MJ est un joueur comme un autre pour que ça devienne un réflexe.
On avait rien donc. La partie était une partie normale (™), ce qui veut dire qu’on se faisait souvent chier. Surtout à un L5R où chaque joueur (oui, pas de nana à la table =( ) faisait ses petites affaires dans son coin, sans trop se soucier que ce soit intéressant pour les autres. Ennui donc. Sur un bon tiers de la partie. Et du coup, on chipote un peu les dés, on va fumer sur le balcon (tiens oui, je fumais à l’époque) et surtout, on faisait des putains de tour de dés.
(Vous avez déjà essayé de faire une tour avec des d10 ?)
(Ça tient super mal)
La tour de dés, c’était parce qu’il fallait que je m’occupe, et que ce que j’avais devant moi, c’était des dés. Oh, oui, j’avais ma fiche, mais je la connaissais par cœur. J’avais mes notes mais, je veux dire, c’est moi qui les ait écrites. Bon, les chips au début de la partie, ça allait, mais au final tu es écœuré. Ce qui aide pas à rebondir sur ce que racontent les autres.
Pourtant je veux dire, c’était une partie normale (™ à nouveau), j’en ai fait plein des comme ça, j’en ai même de très bons souvenirs (meilleurs que cette campagne de L5R en tout cas). Et je m’y faisais pas chier. Et c’était pas pour les raisons qu’on vous donne habituellement genre ”Le MJ était super”, “le rythme était génial”, “Frénégonde faisait marrer toute la table avec son dragueur troll”. Non, c’était des parties normales (™ ™ ™). Alors quoi ?
Bein j’avais un écran sous le nez.
Alors oui, je glandais sur des banques d’images sur internet (Endlesspicdump, petit ange parti trop tôt :’( ), certes. Et j’ai pas honte, dans les moments où ça rame vraiment, ça permet vraiment de pas se faire chier et de pas générer trop de frustration quand le vrai jeu reprend. Parce que je me connais, si je suis frustré qu’il se passe rien, je vais ruer dans les brancards quand ça va reprendre et faire chier tout le monde, la MJ en premier.
Cette introduction est turbo-chiante, donc je vais cracher ma valda et de toute façon c’est dans le titre :
J’avais un plateau de jeu sous le nez
Rolisteam, puis Roll20. Des plans, puis des noms qu’on notait pour en avoir l’orthographe (ou tout simplement parce que sinon personne s’en souvenait). Des illustrations, de lieu de situation, de PNJs. Les barres de vie et d’énergie des autres PJs. Plus tard les wikis de partie. Et quand j’avais la chance de jouer avec un dessineux, des illustrations spécifiques au jeu (et ça c’était la grande classe).
Pourquoi ça changeait à ce point ?
Je sais vraiment pas (ça m’intéresse que modérément ceci dit). Si je devais faire une hypothèse, ce serait que, je sais pas vous, mais moi j’ai l’habitude de réfléchir avec le problème sous le nez. Puzzle ou papier scientifique, y a des formes juste devant moi (pas que du texte !), des trucs à manipuler, avec lesquels jouer. Qui sont liés au problème.
Et qui sont pas juste des dés.
(Tiens y aurait une réflexion à faire sur les systèmes de jeu là. Genre est-ce que ton implication change si tu as les jetons de tes ressources devant le nez, plutôt ? Dites-moi).
Changeons la question : à quoi ça me servait ?
A me positionner dans la fiction. Genre vraiment. Pas que spatialement avec des plans. Avoir le nom de la corpo, l’image du PNJ, ça me permettait de savoir où mon bonhomme (oui, je ne joue que des hommes, si vous voulez je vous en parle), se positionne dans son histoire. Quels sont les gros bouts d’univers auxquels il a des liens.
Quels sont les protagonistes, les morceaux de jeux, qu’il peut aller voir ensuite
C’est vraiment important ça. Prévoir ce qu’on va faire ensuite pendant les phases où on joue pas. C’est à double détente, non seulement on gamberge parce qu’on a l’univers tangible devant les yeux. Mais aussi parce qu’on peut positionner l’action des autres dans cette histoire qui est, disons-le, parfois inutilement complexe et chargée en PNJs.
De fait. Je sais pas vous, mais honnêtement, je suis moins concentré sur ce que racontent les autres joueurs que sur ce que racontent la MJ ou moi. Je sais c’est pas cool. Mais je me sens moins concerné. Alors j’ai besoin de béquilles.
Les aides visuelles en sont, et des plutôt bonnes.
J’entends quoi exactement par aides visuelles et plateau de jeu ?
Pfff.. Plein de choses en fait. Je sais même pas si il y a une limite à ce qu’on peut mettre. Ce que je sais, c’est qu’elles sont plus ou moins pratiques : le bouquin de jeu, c’est à peu près à coup sûr l’aide la moins ergonomique que vous aurez.
Mais après.. Plans, illustration, rappel de règles, mindmap, décisions précédentes, noms, descriptions, discussion entre joueurs (par le chat des tables virtuelles, par exemple), résumés, compteur et pions des PJs… Y a pas vraiment quoi que ce soit qui tombe en dehors, oui même le vaisseau en bouteille de votre table de Star Wars.
Alors qu’est ce que ça change maintenant dans mes parties ?
Je cherche des images pour les PNJs, les lieux, les éléments. J’écris le nom des trucs importants, plus dans mes notes, mais sur les papiers qui traînent au milieu de la table, et en gros d’ailleurs. Pour tirer mon chapeau à Delfino, je vous dirai que quand on joue chez moi on joue avec un tableau velleda, mais je joue quasi jamais chez moi.
Et quand je joue sur table virtuelle, je me pose la question de ce qu’il va y avoir sur la page d’accueil. Et je vous dit pas quoi, mais ça varie selon les jeux. Non seulement selon le choix de jeu, mais selon la durée et l’ampleur de la partie : si c’est un one-shot (ou un coup d’un soir comme disent les gens bien), c’est juste une illu pour balancer l’ambiance, sur laquelle on va écrire en gras et rouge. Si c’est une campagne qu’on joue depuis 7 ans avec un système carac+compétence (ouais…), c’est plus développé.
En plus, si vous connaissez Roll20, vous savez qu’il y a des onglets. Donc vous pouvez même faire des plateaux de jeux spécifiques pour chaque phase de jeu.
Tiens, j’ai dit “plateau”. Mais d’où ça peut bien venir ?
”Des jeux de plateau !” Me répond la foule en liesse. Ouais. Quand tu joues à un jeu de plateau, t’as un plateau devant toi (oh la vache !). Mais y a quoi sur ce plateau.
- Y a ton objectif.
- Y a souvent des illus, pas chiadées, mais qui mettent l’ambiance.
- Y a les autres.
- Y a ce que tu peux faire.
Alors ça peut prendre plusieurs formes. Y a des jeux qui te proposent, en plus du plateau central commun, des petits cartons, tous les mêmes pour tous les joueurs, qui te rappellent ce que tu peux faire. Les choix que tu peux prendre. Les tactiques que tu peux suivre pour gagner.
Ah tiens, oui, ça ressemble à une fiche de perso. Enfin, ça pourrait. Si on faisait des feuilles de perso qui rappellent toutes les possibilités de jeu. Du coup ce serait en fait feuille de perso, plus livret de classe, plus listes de pouvoir plus fonctionnement des rituels et des défis de compétences (à D&D4 par exemple).
(Comment ? Le Grümph ? Chibi ? Qui est cet illustre inconnu ?)
Mais en fait, “plateau de jeu”, ça me fait penser à MJ. Ça me fait penser à quand je joue avec Kalysto, un type qui fait des apocalypserie et qui prépare à chaque fois un plateau de jeu (et le terme est pas là pour enfiler des perles), avec :
- Un espace avec les règles communes
- Un espace par perso avec leurs règles
- Un espace avec une réserve de PNJs dans laquelle taper
Ça c’est la conformation Apocalypse. Faudrait voir ce que ça donne sur d’autres jeux. Mais pour ça, faudrait qu’on trouve des copines pour jouer à « Shadow of the Demon Lord » dans l’bayou avec nous.
Bref, un plateau de jeu, c’est un espace qui te fait dire “eh, si j’allais gratter par là”. Ton plan de donjon, c’est un excellent plateau de jeu. Écoute pas les « hipstero-narratifs » qui passent en te disant que tu joues à « Descent ».
Et si tes parties ont des problèmes de rythme ou de décrochage, pourquoi plutôt que de te mettre la pression, toi MJ, tu verrais pas avec tes joueurs ce que vous pouvez mettre au centre de la table ?
Même si c’est juste un bout de carton qui rappelle ce que ton « ceste-shotgun » fait sur les armures à « Knight« .
(Est-ce que je m’abaisserai pas à ramper dans la fange des MJs et des game designers dans un prochain post ? Peut-être bien)
(Allez teasing : quand je suis Mj, l’écran est couché sur la table, dans toute sa longueur, côté règles tourné vers les joueurs)
Mise en pratique
Code-couleur par joueur•euse
_Un article de Ego/Roland
Bleu-Violet-Rouge-Orange-Jaune-Vert
Quelque soit le jeu, j’attribue une couleur permanente à chaque joueur•euse. Une telle sera représentée par le vert, tel autre par le rouge. Comme mon groupe principal comporte plus de six membres (piliers, réguliers, irréguliers, outsiders) certains ont toujours la même couleur (priorité à l’ancienneté), d’autres en ont une selon les jeux. Cette constance est importante pour que tout le monde puisse retenir l’association : telle personne, telle couleur
Tout y passe : couleur du dossier de chaque personnage, du verre à boire, du dessous de plat, du critérium, et surtout – puisque le but est là – couleur des accessoires de jeu.
Ainsi, le pion aimanté représentant telle joueuse est violet. En regardant le plan dessiné au tableau, tout le monde sait que le violet représente son personnage. Même chose pour les aides de jeux disposées à la verticale à la vue de tous, où d’autres pions colorés vont signaler d’autres éléments du jeu => piste d’initiative, rôles temporaires, localisation sur le plan d’une ville, posture de combat, moniteur de santé, etc.
Noir-Gris-Blanc-Bois
Pour les PNJ, des pions de différentes tailles. Sur chacun une lettre permettant de les différencier. S’il s’agit d’anonymes, j’improvise un trait spécifique pour chacun à partir de sa lettre. B sera Barbu, M aura une Mâchoire particulière, N sera Nerveux, S sera Souriant, T sera Trapu, etc. J’écris ces surnoms en colonne par ordre alphabétique au tableau, et y indique leurs états spécifiques
Telle « couleur » symbolisera les adversaires, telle autre les alliés, telles autre les neutres ou incertains. Pour les boss des pions à part.
Avantages
Multi-jeux. Ce qui va changer d’un jeu à l’autre ce sont les aides de jeu fixées à l’aide d’aimants au tableau.
Rapidité. Le code-couleur permet instantanément de se reconnaître, et au bout d’une paire de séances de mémoriser définitivement qui est qui. En cas d’incertitude, il suffit de regarder la couleur du mug ou du dessous de plat de chaque voisin•e pour s’en rappeler et sans avoir à poser la question.
D’autres aides de jeu en découlent simplement. Si je veux partager plus équitablement les coups du sort, les tirs subis au cœur d’une bataille, etc., je place trois pions de chaque couleur dans un sac et en pioche un au fur et à mesure. Ou je lance un gros dé Lego où je fixe les couleurs nécessaires selon les présences.
_Ego/Roland