Tales From The Loop

« Les années 80’s du turfu qu’on n’a jamais connu »

Des enfants manipulent un robot pour faire fuir la police
ça c’est du robot télécommandé ! (illustration Simon Stålenhag)

Tales from the loop. Voilà un univers qui nous semble à la fois si familier, et si lointain. Une sensation de nostalgie envahit la plupart d’entre nous lorsque nous revoyons un vieux film qui (re)passe négligemment sur Netflix ,ou la TNT. Ou encore quand on regarde les bambins partir à vélo avec leurs copains, les vieux objets, les comics, les séries…

Surfer sur la vague de la nostalgie est à la mode. Mais étrangement, le milieu jeu de rôles était relativement épargné par cette déferlante, Tales from the loop (abrégé en TFL) a donc été bien accueilli : apportant cette saveur « Stranger Things » qui manquait au paysage de notre loisir préféré.

Publié en 2017, le jeu de Nils Hintze, Matt Forbeck, Tomas Härenstam, Björn Hellqvist, Nils Karlén voit le jour d’après un univers de Simon Stålenhag. Un illustrateur qui a la capacité d’éveiller votre curiosité de jeune ado caché dans votre cœur en mousse. Le jeu parait dans nos vertes contrées en 2018, traduit par Arkane Asylum Publishing.

A l’occasion de la GenCon 2017, le jeu a reçu les Ennies en or du Produit de l’Année, Meilleur Jeu, Meilleure Écriture, Meilleures Illustrations Intérieures et Meilleur Univers aux Ennies Awards 2017.

Rien que ça !
Alors voyons en quoi il est si encensé par les critiques.

photo du livre et écran
Photo de Actu Gaming

Le LOOP

Imaginez que la star de la science ce n’est plus le Nucléaire. On invente dans les années 1950 l’accélérateur de particules : le LOOP. Une mégastructure souterraine dont seule sont visibles les 3 tours de refroidissement.

Des enfants regardent le LOOP au loin
Au loin, les tours du Loop Suédois

Il en existe plusieurs à travers le monde. Mais c’est aux pieds du plus grand Loop jamais construit par l’entreprise Riksernergi, en Suède, que se dérouleront vos aventures. Les illustrations de Simon vous font voyager à travers les paysages des îles du lac Mälar. Mais aussi dans le désert de Boulder city. Une alternative, si vous souhaitez jouer aux Etats Unis, là ou le premier Loop du monde a été conçu.

un enfant observe le LOOP depuis sa cachette
Site du Loop de Boulder city (USA)

Au cœur des Loop se trouvent le Gravitron, situé dans une cavité immense. Les tunnels ont été creusés pour ses gigantesques boucles, s’étendant sur des kilomètres à la ronde (plus d’une vingtaine!). Intéressant non ? Vous trouverez plus de détails sur le fonctionnement du Loop dans le livre de base, dès les premières pages.

Un décors jonché de technologies

Mais le Loop n’est pas la seule invention à avoir révolutionné ces années 80 alternatives. Durant les années 50 également fut découvert par des scientifiques de l’Union Soviétique l’effet Magnétrine. Il qui permet de faire léviter des bâtiments à l’aide de boucliers antigravités. Il est donc courant de voir de grands cargos léviter au-dessus des villes et campagnes pour livrer leurs marchandises.

Durant les années 60, l’entreprise Iwasaka développe les bases de la robotique moderne. 20 ans plus tard, ces machines en tous genre, sont courantes dans la vie civile, et dans l’armée. Bref de quoi excuser toutes nos idées de robots et IA pour nos histoires.

De plus, le paysage est jonché de débris de machines diverses, dont les civils ignorent parfois quel fut leur usage. S’agit-il d’expériences scientifiques abandonnées ? D’un prototype perdu ? Ou simplement un vieux modèle de robot que tout le monde a oublié ? De quoi nourrir l’imaginaire du MJ et des enfants.

Un enfant emmène un adulte devant une sphère de métal étrange
Qui sait à quoi avait bien pu servir cette Sphère ?

On y joue quoi ?

Des enfants entre 10 et 15 ans. Et comme on aime les années 80 et ses clichés nous avons le choix parmi des archétypes. Ils ne sont pas sans rappeler les séries et films de l’époque. Chacun d’eux permet d’augmenter 3 compétences jusqu’au niveau 3 lors de la création de personnage.

Pages des archétypes et fiche de personnage
© ludovox
  • Campagnard : l’bon gars d’la ferme costaud et sympa.
  • Excentrique : le gosse chelou qui s’habille et parle bizarre.
  • Geek : fan de technologies.
  • Intello : l’indécrottable premier de la classe.
  • Métalleux : charismatique sensible et toujours mal comprit.
  • Rebelle : le petit voyou.
  • Sportif : vous savez le gars super énervant qui brille par ses muscles.
  • Star de l’école : tout le monde l’aime et c’est énervant.

La création de personnages est simple. On choisit l’archétype de notre avatar, son objet fétiche, son problème (on a tous des problèmes, surtout les ados), sa motivation à vivre des aventures, sa fierté. Ensuite il faut également créer les éléments de rôle play suivant, que j’apprécie beaucoup. Le lien de l’enfant avec les autres membres du groupe. Son lien avec un PNJ des lieux, et enfin son socle (une personne importante pour l’enfant).
Ah et évidement : n’oubliez pas sa chanson favorite !

Un enfant s'amuse prêt d'une étrange épave
Mais que fait un enfant seul ici ?

Une fois tout cela déterminé, choisissez l’âge de l’enfant. Il en dépend son nombre de point de chance qui est égal a : 15 – l’age du personnage. Ces points sont des « joker » utilisables dans les pires situations pour relancer les dés. « Hey mais attend, plus mon enfant est vieux moins j’ai de chance ? ». Oui, en effet quand l’enfant a 1 an de plus, il pert 1 point de chance. Mais gagne 1 point dans un attribut de son choix.

Enfin, l’éternelle distribution de point dans les attributs de votre personnage.
Le groupe décide ensuite ensemble ou se trouve leur planque.

Comment on y joue ?

TFL est très narratif, les jets de dés apparaissent uniquement quand une difficulté survient. Si vous avez déjà joué à un jeu des mêmes créateurs, vous connaissez déjà le moteur.
Pour les autres, voici comment ça se passe :

Il suffit de s’armer de D6 dont le nombre correspond à : compétence utilisée + attribut associée. Réussir est « facile » : il faut sortir au moins un 6 ! « Ah ah » plus difficile qu’il n’y parait en réalité. Surtout que les difficultés étendues en réclament 2, voir plus en fonction du nombre d’enfant.
Mais pas d’inquiétude : les enfants ne peuvent pas mourir. Cependant, ils peuvent subir des blessures graves et traumatismes qui peuvent handicaper la suite des aventures, ou modifier son comportement de façon définitive. Heureusement le « socle », passer du temps avec ses copains, permettent à l’enfant de récupérer d’un traumatisme dans une scène narrative.

Des dinosaures rôdent dans les bois !
Le genre de difficulté étendue qui en dit long …

Par ailleurs : les socles, objets fétiches, et relations sont ouvertes à l’évolution. Un enfant grandit, vit des choses et expérimente, la fiche de personnage doit le refléter.

La gamme

Actuellement, sont traduits : le livre de base, une extension « Nos amis les machines », et un livre spécial « la France dans les années 80 », cocorico. Ces suppléments contiennent des scénarios, détails sur l’univers, et aides de jeu. Nouveaux archétypes. Comment créer un Loop dans la ville de votre choix etc. ( Je vous ferais un avis sur chacun de ces livres suppléments dans un autre article)

La gamme est juste superbe : c’est propre, clair, bien organisé et chapitré. Rien à redire. La place est faite aux illustrations, parfois en double page pour les chapitres. On en prend pleins les yeux et ça nourrit notre imaginaire. Je n’ai jamais autant pris de plaisir à lire un livre de jeux de rôle.

Pour comparer : Degenesis était vraiment beau et agréable, mais très complexe. Là il faut imaginer que vous trouvez très vite ce que vous chercher. Vous ne vous perdez pas dans des textes littéraires. Non ici on vous dit clairement ce qu’il y a et ce qu’il en est.
De plus le Mj dispose de tout un arsenal de PNJ déjà implémentés dans les lieux. De plusieurs pistes de scénarios à développer, une aide visuelle, par des schémas, pour chaque Mystère.
Bref. Tales from the loop c’est ludique, c’est beau. Ça transpire les années 80 dans lequel on a foutu tous nos fantasmes perdus de gamins.

J’adore, vraiment. Même si j’ai été un peu déçu sur un point. En effet, m’avait vendu le jeu comme un « stranger things like ». En fait non. Pas d’ambiance à la Lovecraft. 99% des mystères sont liés à des robots et des scientifiques fous (très souvent des femmes d’ailleurs…). Ou alors d’un individu lambda, qui a su fabriquer une machine extrêmement complexe (c’est à la portée de n’importe qui). Il est très rare de rencontrer quelque chose de vraiment surnaturel, des créatures d’autres dimensions.

Bref, c’est vraiment le seul reproche que j’ai à faire. Je m’éclate à le faire jouer Tales from the loop. J’espère que la suite : Things from The FLood, apportera son lot « d’horreurs locevraftiennes » comme je l’attendais.

Un enfant portant un ordinateur, voit passer des vaisseaux en magnétrine dans le ciel