Le 16 Octobre, on sonne à ma porte. Le visiophone s’allume sur la tête un humain, le visage prit entre les appendices d’un facehugger. Je fronce les sourcils « Déjà ? Impossible… ». Effectivement, je devais recevoir ce gros carton le 19. Et une telle avance de la part de la Poste est plutôt suspecte.
Soit ! Je descends, après tout je ne risquais rien car « nous sachons » : les Xénomorphes sont allergiques aux chats. C’est ainsi que je salue le livreur, qui me répond un adorable « hmmm, hmmm mm ! ». Il me tend le précieux carton, et s’en repart avant de s’effondrer au coin de la rue. Je remonte les marches d’escalier en sifflotant : toute enjaillée par ce colis prématuré.
C’est donc très contente que je reçois en avance « Alien : kit de démarrage » du jeu de rôles éponyme. Je le déballe joyeusement : désossement du carton, écorchage du scotch, pour finir par l’éventrement du papier bulle à l’aide de mes petites créatures félidés sataniques.
Carton bien rigide, la boîte a un poids correct. Quand je l’ouvre je convulse et ne résiste pas au dépoiçonnage de jetons sagement étendus sur une plaque de carton A4 rigide. Après avoir repris mon souffle je constate que dans ma folie j’ai déjà tout étalé sur la table.
Kécécé kétoussa ?
Alors oui, il y a beaucoup de choses comme vous pouvez le constater. De loin comme ça on dirait plus un jeu de plateau qu’un jeu de rôles. Mais à bien y réfléchir, une fois le concept survolé par une première lecture du livret de règle, tout ce matériel à du sens. Voyons un peu le contenu de cette boite Alien : kit de démarrage.
Le livret de règles : il ne remplace pas le livre de base, ce dernier sera vendu plus tard en vf, mais il permet de jouer immédiatement avec tous ces beaux jouets. Le moteur de jeu d’Alien est basé sur le ZYE, de chez Free League (TFL, Mutant année Zéro etc.), avec des subtilités ajoutées spécialement pour coller à l’ambiance. On en parle plus tard.
Mais pour ceux qui rechignent à avoir le livret + acheter le livre de base : on a tous connu ce moment où les Pj veulent « vérifier un truc dans le bouquin » et qu’il n’y a qu’un seul livre à feuilleter : ce sera pratique d’avoir le livret pour vos Pj, et le livre de base pour vous non? Si vous avez vraiment la flemme d’investir, le livret de règle suffit largement pour jouer. Mais bon: ce serait dommage de se priver du bestiaire du livre de base non ?
Le livret scénario « Le chariot des dieux » : Alien c’est avant tous une histoire en huis clos qui tourne mal. Le kit de démarrage contient donc un scénario complet pour jouer en mode « cinématique« (ça aussi, on en parle plus tard). Couverture souple, peu illustré, il est vraiment bien écrit (et traduit du coup). Je ne peux rien vous spoiler mais vous allez vite comprendre l’intérêt de faire jouer les prés-tirés, avec leurs cartes, et leurs objectifs personnels.
Les personnages et cartes « objectif »: Alien ne serait pas de bonnes histoires sans de bons personnages. La qualité de ces derniers est vraiment plaisante : tous ont leur caractère, leurs valeurs, leur vision du contexte, mais surtout leurs propres intérêts. Les personnages que peuvent incarner les joueurs sont représentés sur de grande feuille recto/verso. Papier trop fin et brillant à mon goût : on aime ou pas.
Mais les Pj ne seront pas seuls. Chaque PNJ dispose de sa propose mini-fiche et d’un objectif secret. C’est pourquoi vous avez des cartes avec l’avatar du personnage et un résumé au dos. Je trouve ça sympa : le Mj montre les portraits des pnj aux joueurs tandis qu’il peut consulter les secrets .
Certaines des cartes sont des éléments secrets à communiquer à certain personnage à des moments clés, très pratique !
Ce n’est pas moins de 10 Pnj et 5 Pj qui sont disponibles au départ. L’avantage de jouer les prés-tirés, c’est qu’ils sont conçus pour ce scénario et ceux qui n’ont pas été choisit peuvent devenir des PNJ de qualité : le Mj a vraiment tout ce qu’il faut pour faire jouer. De plus ils peuvent servir de « réserve » : si un Pj meurt, le Mj peut proposer d’incarner un personnage encore vivant.
Les jetons : Là on touche à des aspects jeu de plateau on ne va pas se mentir. MAIS je trouve ça super astucieux vraiment : ces jetons se posent sur la face « radar » ou « sonar » sur la carte du vaisseau au moment où les joueurs « sondent » pour détecter une présence.
Le Mj sait très bien ce qu’il y a en dessous (ou pas s’il a envie d’improviser). Lorsqu’un joueur entre dans la pièce il va pouvoir retourner les jetons pour identifier la menace. Bien sûr on peut imaginer que les ennemis sont mobiles et risquent de se déplacer, mais avouer que ce petit stress au moment de retourner le jeton est plutôt savoureux et donne un coté immersif sur l’utilisation d’appareil radar.
Il y a un autre type de jeton qui correspondent aux directives données par l’ordinateur de bord : « maman ».
Les dès : Accessoire mais tellement plus cool de par leur personnalisation. En effet les dès noir sont les dès dit « normaux », le 6 est représenté par une cible, et donc une réussite pour le moteur ZYE (si si, rappelez-vous, le moteur ou seul les 6 sont comptés comme des réussites, pas stressant du tout hein?). Les dès jaunes représentent le stress, le 1 étant un échec on y trouve un joli facehugger dessus : je crois que le message est assez clair. Je vous explique plus loin dans les mécaniques le détail des dès de stress.
- Les cartes initiatives : Nouveauté propre à Alien ce sont ces cartes. Numérotée de 1 à 10, chaque Pj et Pnj tire 1 carte qu’il posera à côté de son personnage. Accessoire finalement indispensable si l’on souhaite appliquer cette règle telle qu’elle car vous êtes dépendant de ce support. Si je n’ai pas de carte, je pense que je m’en tiendrais à un tirage au dès 10 tout simplement.
- Les cartes d’armes : vous vous souvenez tous de cette fiche perso qui ne ressemble plus à rien à force d’avoir ajouté/gommé de l’équipement dessus. Et bien les cartes régleront ce souci ! Bon soyons sérieux, c’est accessoire. Mais je pense que les cartes des armes ont été ajoutées pour 2 raisons : la première est qu’on ne peut pas écrire sur les fiches des prés-tirés (ou avec un gros marqueur, mais bon, adieu la re jouabilité, a moins d’avoir une plastifieuse).
La seconde : une aide à l’immersion, car mine de rien « ajouter » une arme, la « donner » ou la « perdre » est mieux représenté avec un objet qui peut aisément quitter ou rejoindre votre main. Ce qui donne l’impression qu’on a vraiment du matos « physique » sur son personnage et qu’on peut le perdre ou le passer à quelqu’un.
Jouer à Alien
La base du ZYE
On va faire très simple. Lancez un nombre de D6 correspondant à Caractéristique + Compétence requise par le Mj. Il vous faut sortir au moins un 6 pour réussir l’action.
En cas d’échec, vous pouvez « pousser » 1 fois par action le jet afin de le relancer et espérer sortir un 6 (voir 2 si la difficulté est supérieure). Mais attention, ce n’est pas sans conséquence …
Il existe d’autres règles, notamment sur les modificateurs, le combat, tests d’oppositions, l’entre aide et même la création de personnages qui sont quasi identique à ce qu’on a déjà vu dans les autres jeux de Free Ligue. Bien sûr tout est adapté à l’univers du jeu (pourtant, jouer une Star de l’école dans un vaisseau, remplis de xénomorphe, perdu dans l’espace ce serait drôle non ?).
Dans Alien : le kit de démarrage on trouve également tout un chapitre sur l’équipement, les combats et le « mode furtif » (je crois qu’on va poncer ces règles jusqu’à l’os ah ah). Il vous manquera juste le bestiaire. Mais ne vous inquiétez pas : dans le livre du scénario vous avez le détail des créatures et autres menaces présentes dans l’histoire.
La petite touche « Alien »
Lorsque vous « poussez » un jet, vous obtenez 1 point de stress. Ces derniers s’accumulent, et pas uniquement en ratant ses tests. L’environnement, les créatures, un combat, être témoins d’une scène horrible et les difficultés techniques : tout est source de Stress, pouvant aller jusqu’à demander un jet de panique même si vous n’avez pas de point de stress.
Pour chaque point de stress, vous aurez un dé de stress (avec le facehugger représentant le chiffre 1). Ils sont à lancer à chaque fois que vous réaliserez un test, en plus de vos des normaux. Et si jamais vous faites un 1 avec les dès de stress votre test est raté et vous faire un « test de panique ». Ce dernier se résout en additionnant votre score de stress avec 1D6. Le résultat doit être de 6 ou moins, sinon c’est un échec et vous entrez en « panique ».
Dans Alien les conséquences de la panique peuvent être les suivantes : Tressaillement nerveux, tremblements, lâcher un objet, rester figé, battre en retraite, hurlement, fuir la scène, psychose et enfin catatonie.
Peut-on stopper une crise ?
Heureusement pour vos joueurs il est possible de stopper une crise grâce à un jet de commandement. Ou si vous êtes mis KO, ou encore dans la scène/le tour prend fin. De plus passer du temps dans des zones protégées, ou interagir avec son objet fétiche, réduit le stress de 1 par 5/10 min. Attention toutefois des états peuvent empêcher le soulagement du stress comme être « affamé ».
La petite touche Alien se retrouve également dans la description de l’univers. On y retrouve donc des références aux films. En effet le jeu se situe juste après Alien 1 il me semble. Il prend en compte les épisodes se déroulant chronologiquement avant comme Prométhéus et Convenant. De quoi élargir le bestiaire : j’espère en apprendre beaucoup sur les différentes variétés présentes dans les films.
Mode Cinématique et Campagne
Dans « Alien : kit de démarrage » le scénario se base entièrement sur le concept « Cinématique ». Il est probable que vous vous demandez de quoi il s’agit. C’est un mode de jeu où le scenario propose un récit proche des films. Il sera également question d’un One Shot. Tout va se passer rapidement et brutalement pour rentrer dans le vif du sujet. C’est également un mode de jeu plus mortel que la « campagne » car on considère, qu’en tant que One Shot, les personnages ne vivront pas d’autres mésaventures ensuite.
Conclusion
Alien : kit de démarrage est une boîte qui vaut son prix. Le matériel est beau, utile et immersif. Je n’ai pas l’impression de m’être fait arnaquer, et je vais pouvoir me faire une idée avant de passer à l’achat du reste de la gamme, ou non (mais c’est bien parti pour 😉 ah ah)
Je trouve toutefois 1 gros défaut. Le papier. Très fin (surtout pour les fiches) et glacé du genre à laisser des traces de doigts et de patounes partout. Si vous avez une lumière au dessus de votre table, les reflets risquent aussi de vous gêner. Sans parler que le papier glacé ne permet pas d’écrire sur les fiches de Pj. Je vous recommande vivement de les plastifier et/ou les mettre dans une pochette plastique. Car même après quelques minutes je vois déjà les effets de la manipulation avec les reflets de la lumière. C’est énervant.
Vivement que je le fasse jouer !
Voilà tous ce que je peux en dire pour l’instant. J’ai très hâte de le faire tester. En ces temps particuliers de (re)confinement j’ai un peu de mal à imaginer une mise en place en ligne. Mais il semble que Roll20 et Let’s Rôle proposent du matériel. Ce sera donc à moi de décider quand me lancer, et d’en faire un retour sur le Discord de l’association.